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L'espace dans Fin de partie

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L'espace dans Fin de partie Empty L'espace dans Fin de partie

Message par Marion Morère Mer 1 Déc - 17:47

29.11.10


L'espace dans Fin de Partie


L'espace scénique est créé par les didascalies, qui occupent environ 30% du texte. Les metteurs en scène doivent absolument respecter les didascalies c'est pourquoi Beckett a souvent mis en scène ses propres pièces tant il y était attaché. Les didascalies intègrent décor, gestes, mouvements, voix, lumière... On a bien un théâtre qui se refuse à être un théâtre de la parole, dans la continuation du théâtre d'Artaud.

I.La didascalie initiale

1.La création d'un espace scénique

Cette didascalie est de plus en plus dense typographiquement : au début on a des courts paragraphes qui présentent l'espace scénique, et ensuite on a une masse de texte qui décrit les mouvement de Clov.

a. Un espace clos et vide

Les seuls décors sont les petites fenêtres haut perché, rideaux tirés, le tableau retourné, une seule porte qui donne sur la cuisine (3m sur 3m). La porte est la seule ouverture. Cela donne la vision d'un univers sans issue.
La lumière "grisâtre" ne définit aucun moment précis.
On retrouve une géométrie dans l'espace. L'atmosphère renvoie à un lieu de nulle part, impossible à identifier, c'est un espace de la pénombre er de l'enfermement (qui rappelle un univers carcéral), un non-lieu.

b. Au dehors

Ce sont les paroles de Clov qui nous donnent une vision de l'extérieur. C'est un monde vide : «zéro, zéro, tout est mortibus», un monde sans couleur. Il n'y a plus de soleil. C'est un univers apocalyptique avec une dominance de gris qui conduit à une indistinction entre intérieur et extérieur, qui rappelle ce qui est dit dans le texte : "Dehors, c'est l'autre Enfer".

c. Les objets scéniques

-> Un tableau retourné
-> Un vieux drap
-> Un fauteuil à roulettes
-> Un escabeau
-> Un sifflet
-> Un chien en peluche
-> Deux poubelles côte-à-côte
Tous ces objets sont, de façon dominante, des prothèses qui incarnent une banalité totale. Le tableau retourné est la négation de l'art comme échappatoire par l'absence totale d'échappée par l'imaginaire.
Cet univers est déconcertant car Beckett rompt avec les codes de la mimésis aristotélicienne.
Il y a peu de différence entre les personnages et les objetx, ce qui amène à une confusion et à une continuité de l'un à l'autre. C'est une métaphore de la déchéance, de la cécité, de la désagrégation, un simulacre de vie où c'est la mort qui prédomine. Même l'escabeau qui est un élément comique (car il renvoie à la pantomime) amène à une tentative de s'élever qui n'aboutit jamais et donc à un nouvel échec. Le chien en peluche est un élément dérisoire. Il lui manque une patte, ce qui fait écho aux infirmités des personnages.

2.Les personnages

Ils semblent faire partie du décor car ils sont extrêmement enfermés dans des rôles: Clov avec sa démarche vacillante et ses mouvement incessants et répétitifs incarne un peu le bouffon du théâtre élisabéthain. Il incarne un peu le comique défini par Bergson (= mécanique plaqué sur du vivant). Hamm , dans sa gestuelle, semble vouloir être au centre du monde. Il est immobile, comme un objet.
Le titre Fin de partie fait référence à une partie d'échec où seul le roi (Hamm) se déplace dans le petit espace qu'il contrôle tandis que les autres pions sont bloqués.
Il y a aussi une référence au Golgotha (lieu de la crucifixion), à mettre en lien avec la référence au clou dans les noms des personnages et la phrase de Hamm "Toute la maison pue le cadavre". Il y a aussi une référence à l'Arche à la fin du déluge, dans un cadre dévasté avec une évocation de la présence de la mort.
Il y a enfin la métaphore du theatrum mundi (= théâtre du monde) où tout est renvoyé à une théâtralité mortifère et apocalyptique (idée shakespearienne).

3. Les objets du quotidien

Ce sont les objets les plus minimaux (lunette, burette, chien en peluche, gaffe, sifflet, réveil,...) qui motivent le déplacement en se substituant aux personnages. Ce sont des objets dérisoires qui hors contexte renvoient à un monde réel et banal, mais ils sont ici détournés pour accentuer le dérisoire et l'absurdité de l'ensemble. C'est le rien qui agite et qui crée le mouvement, mouvement qui ne va vers rien.


Tous ces objets et cet espace renvoient à une forme de tragique moderne (idée d'un Homme sans Dieu enfermé dans sa condition humaine). C'est un univers voué à la dégradation et où tout renvoie à l'inanimé et aux déchets. C'est un espace totalement stérile, où rien n'est possible et où tout est dérisoire.

Marion Morère

Messages : 17
Date d'inscription : 21/11/2010

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