la décolonisation et l'entrée du Tiers-Monde sur la scène internationale

La décolonisation et l'entrée du tiers-monde sur la scène internationale

I.La crise des Empires coloniaux et les premiers réveils du nationalisme.

Rares sont les pays qui ont échappé à l'impérialisme européen (Turquie, Iran, Afghanistan, Thaïlande, Chine). En 1945, seuls deux pays sont indépendants en Afrique: Le Liberia et l'Éthiopie.

1.le colonialisme a transformé les sociétés indigènes:
Sur un plan économique, l'économie locale est marginalisée et on a développé une agriculture de plantations destinées à être exportées vers la métropole. L'artisanat indigène a été supprimé car les colonies sont également un marché pour les industries de la métropole. Dans les «colonies de peuplement» sont venus s'installer des colons européens (Australie, Canada, Afrique du Sud, Kenya, Algérie, Maroc...). On assiste à une augmentation rapide de la population indigène. Cet accroissement a eut lieu en Europe au XIXème siècle, avec un exode rural. On voit apparaître dans les colonies un prolétariat misérable qui va s'installer dans les bidonvilles. Les villes qui se développent sont des ports coloniaux. La colonisation a favorisé l'essor du nationalisme car elle a formé une élite cultivé qui a eut accès à la culture mondiale et aux valeurs européennes par le contact avec les grandes langues. Ces nationalistes réclament l'égalité entre colons et colonisés.

2.L'éveil du nationalisme:
a) le nationalisme dans les colonies est apparu assez tard, et les européens n'ont pas eut trop de problèmes jusqu'en 1945 (+ de résistance tribales que nationalistes, sauf au Maroc avec la guerre du Rif entre 1921 et 1926). le nationalisme se développe surtout dans la petite bourgeoisie urbaine avant la guerre, éduquée à l'européenne mais restée fidèle a sa culture nationale. Ils sont frustrés de voir qu'il y a une différence entre eux et le colonisateur. L'argument : couleur, langue, religion; théorie marxiste influence par les pays non-européen déjà indépendant : Moyen- Orient,Turquie ( kemalisme ). Ou voit apparaître ces mouvements dans les colonies françaises: Tunisie (Neo-Destour avec Bourguiba), Algérie (avec Messali Hadj) et dans les colonies anglaises : Inde ( avec Gandhi), Indochine ( avec Hô Chi Minh, nationaliste communiste).

b) Le choc de la guerre
la guerre a causé une perte de prestige: les métropoles ne sont plus vues comme invincible ( les Japonnais anti-européens s'allient avec certains nationalistes, comme l'Indonésien Soekarno ou l'Indien Bose ).
Parmi les buts de guerre alliés, dans la charte de L'Atlantique , le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes prend une dimension universelle.
Les empires coloniaux ont aidé les métropoles à lutter contre l'Axe en envoyant des hommes, mais n'ont reçu aucune reconnaissance. Les premières émeutes ont lieu à Sétif en Algérie le 8 Mai 1945.

3.1945
a) Tendances
On ne récupère pas les colonies qu'on libère.
L'ONU (-> droit des peuple à disposer d'eux même) préparent l'indépendance des mandats.
L'URSS est contre le colonialisme, de même que ( normalement) les parties communistes. Il y a une influence considérable du marxisme dans les mouvements de décolonisation ( Indochine, Indonésie, Malaise, Birmanie)
Les État-Unis sont également contre car ils conseille aux chefs des colonies de lutter pour leur indépendance. De plus, les marchés coloniaux leurs sont fermés et sont donc un obstacle à leur influence. Les Philippines sont libérées dès 1946 (doc 3, p. 117). Mais ils sont prudents car leurs alliés sont des puissances coloniales, et ils pensent que la décolonisation favorisera l'extension du communisme.
Les européens sont méfiants et les nationalistes déçus. Seules les puissances coloniales sont encore partisanes de la colonisation (doc 2, p.117).

b) Les mouvements nationalistes
-> Maturité des nationalistes asiatiques:
Inde: le parti du Congrès développe une action non-violente (non-coopération). 1942: résolution «Quit India».
Indonésie: Parti National Indonésien (Soekarno).
Indochine: Tradition -> Cao-Dai (Jésus, Boudha et Victor Hugo), bourgeoisie, PCI (Hô Chi Minh) -> Il faut lutter à la fois contre les français et les japonais. 1941: Ligue pour l'indépendance du Vietnam (Viet Minh). Mars 1945: Insurrection contre les japonais. 2 Septembre: Proclamation de l'indépendance.

-> Poussée des nationalisme arabes:
Réformateurs religieux qui s'appuient sur l'Islam.
Réformateurs laïques (plus forts).
Tunisie: le Neo-Destour demande l'indépendance.
Maroc: Istiqlal (Al Fassi, 1944) qui soutient le sultan.
Algérie: Courant réformiste pacifique (Fehrat Abbas), courant révolutionnaire (Messali Hadj).

-> Afrique Noire:
Colonies britanniques: souvent administration indirect (Kenya, 2 Rhodésies).
Colonies françaises: administration directe. Très peu de nationalisme.

II.1945-1957: La première vague de décolonisation.

A- La décolonisation de l'Asie.

Nations plus anciennes. Influence japonaise très forte.

1.L'Inde (carte 4, p. 117 ; 2, p. 134):

Les Anglais acceptent de partir. Il y a un problème entre le parti du Congrès et la ligue musulmane d'Ali Jiana qui veut un état musulman, qui aboutira à une guerre civile en 1946-47. Les Anglais comptent les points le parti du Congrès refuse la partition jusqu'en mars 1947, où Gandhi se rend comptent qu'il ne servirait à rien de s'acharner. C'est le dernier vice-roi des Indes, Lord Mountbaten, qui négocie l'indépendance à la conférence de New Dehli en juin 1947 et elle est proclamée le 15 aout. Un état musulman est crée: le Pakistan, divisé en 2 parties, séparées par plus de 150 km, qui n'ont en commun que la religion.
Il y a eut un échange massif de population, dans un climat assez sanglant. En 1947, commence la première guerre entre l'Inde et le Pakistan sur la question du Cachemire, et qui s'achève par une partition. Depuis le problème n'est toujours pas résolu. Pour achever son unité, l'Inde doit encore récupérer les territoires portugais et les comptoirs français des Indes (devenus indiens en 1954-56). Mais le Portugal n'abandonne pas aussi facilement car c'est une dictature. Cela donne lieu à une guerre en 1961 qui s'achève sur une victoire indienne.

2.Les autres colonies britanniques:

Birmanie: 1948
Ceylan (Sri Lanka): 1948 (guerre civile de 1983 à 2009)
Malaisie: C'est un pays riche en ressources minières sous forte influence communiste. Sa population est composée de 50% de Malais, 40% de Chinois et 10% d'Indiens. La partie péninsulaire devient indépendante en 1957, à laquelle s'ajoute le Nord-Bornéo en 1963. Mais en 1965, la capitale Singapour fait sécession avec la Malaisie.
Hong Kong: 1997

3.Les Indes néerlandaises (Indonésie):

a) 1945
Soekarno a proclamé l'indépendance après le retrait des japonais, et une guerre coloniale entre nationalistes et hollandais commence à l'automne 45 et les hollandais reconnaissent l'indépendance en novembre 1946, mais attaquent à nouveau à deux reprises (juillet 47, décembre 48). La guerre s'achève par l'acceptation de l'indépendance de tout archipel sauf la Nouvelle-Guinée en 1949.

4.L'Indochine, une décolonisation manquée:

C'est une fédération de 5 territoires: la Cochinchine (colonie), l'Annam (protectorat), le Laos (protectorat), le Cambodge (protectorat) et le Tonkin (pas très clair). Le mouvement nationaliste est le Viet-Minh, dirigé par Hô-Chi-Minh, qui proclame l'indépendance du Vietnam le 2 septembre 1945. les japonais ont capitulé mais ils sont toujours là. Des troupes chinoises arrivent par le Nord, des britanniques par le Sud. Les français envoient un corps expéditionnaires à l'automne 1945, dirigé par le Général Leclerc. Ils réintroduisent l'administration française avec Thierry d'Argenlieu. On négocie pour que le Vietnam soit un état libre dans l'Union française, mais non indépendant. D'Argenlieu, qui est gaulliste, sabote la politique française et crée en juin 1946 la République de Cochinchine. Hô-Chi-Minh ressent cela comme une trahison. Le 23 novembre 4946, un incident sur les taxes déclenche les hostilités: les français envoient un bateau pour bombarder la ville d'Haipong.
1946-1950: Une guerre de décolonisation classique (seulement l'armée de métier.)
1950-1954: Internationalisation du conflit
Le Viet-Minh va s'appuyer sur la Chine, devenue communiste. Cela lui permet de conquérir de nouveaux territoires. Les États-Unis entrent en guerre car pour eux cela fait partie des conflits de la guerre froide et font pression sur les français après l'armistice en Corée pour organiser à l'été 54 une conférence à Genève (français, Viet-Minh, États-Unis, soviétiques, chinois). Les français veulent arriver en position de force et tentent d'attaquer les Viets à Diên Biên Phû pour obtenir une victoire. Cela s'achève par une capitulation le 7 mars 1954 avec environ 15 milliers de prisonniers français. Pierre Mendès France devient président du Conseil en France (doc3, p.135). Il dit qu'il aurait fallu négocier dès le départ, justifiant cela par les grandes défaites françaises et par l'internationalisation du conflit. À Genève, le retrait français est annoncé. Le Cambodge et le Laos deviennent indépendants. Pour le Vietnam est décidé un compromis: on laisse 2 ans à l'armée française pour se retirer et on divise le Vietnam en 2 selon le 17ème parallèle. En 1956, on organisera des élections générales pour tout le pays lorsque l'armée française aura évacué. Mais ces élections n'auront jamais lieu car les Américains remettent Bao-Dai sur le trône pour essayer de créer un état du Sud-Vietnam.

B- Les débuts de l'émancipation de l'Afrique

1.L'indépendance de la Tunisie:

Le Neo-Destour est dirigé par Bourguiba, qui voudrait négocier avec les français, qui refusent jusqu'en décembre 1951. Bourguiba est arrêté et une résistance armée se met en place. Le 31 juillet 1954, Pierre Mendès France accorde dans le discours de Carthage l'autonomie interne. En mars 1956, la Tunisie devient indépendante et devient une république.

2.Le Maroc:

Le parti nationaliste, l'Istiqlal, dirigé par Al Fassi, soutient le sultan. Les réformes faites sont jugés insuffisantes par les Marocains et trop fortes pour les Français vivant au Maroc. Casablanca se soulève en décembre 1952. le sultan, jugé responsable, est envoyé en exil à Madagascar en 1953 et est remplacé par un pro-français. En 1954-55, c'est l'insurrection généralisée. À ce moment-là, la guerre d'Algérie a déjà commencé. Faure annonce que la France n'a pas les moyens de soutenir 2 guerres coloniales. Le sultan revient en novembre 1955 pour des négociations, et l'indépendance est accordé en mars 1956. on conserve la monarchie, avec Mohammed V.

3.Les débuts de la guerre d'Algérie (novembre 1954):

C- Les premiers remous en Afrique noire

1.Dans les colonies britanniques:

Ils créent généralement une assemblée législative (ledco) puis un gouvernement responsable. Mais ils travaillent au cas-par-cas, et en 1957 un seul pays est indépendant: la Côte d'Or, qui devient le Ghana. En Afrique orientale, les Blancs ont beaucoup de pouvoirs (Kenya, 2 Rhodésies) entre 1952 et 1955 éclate la révolte des Mau-Mau au Kenya.

2.Dans les colonies françaises:

Les Africains sont citoyens français. En 1947, il y a une révolte paysanne à Madagascar. En juin 1956, la loi cadre Defferre accorde une assemblée à chaque colonie. En 1957 une seule colonie est devenue indépendante en Afrique (Ghana) alors que toute l'Asie est déjà décolonisée.

III.La grande vague de décolonisation: 1958-1966.

A- La guerre d'Algérie -1954-62)

1.Les débuts de la guerre:
a) le contexte algérien
(p.283, doc 5): Discours de Pierre Mendès France en novembre 1954. L'Algérie n'est pas une colonie, elle fait partie de la France depuis 1930. Mais les 2 sont séparés par la Méditerranée, il existe donc un ministre résidant à Alger. Pour les citoyens, il y a 2 catégories juridiques: les citoyens français ou «pieds-noirs» (environ 1 million dont 80% nés en Algérie) et les citoyens musulmans (population régies par le droit musulman: mariage, divorce, polygamie, héritage... en pleine explosion démographique: environ 9%, taux d'accr. de 2,5%) qui n'ont eut pendant très longtemps aucun droit politique. Le «statut de 1947» crée une assemblée algérienne, pour laquelle les citoyens musulmans ont le droit de vote. Mais les élections sont truquées. L'économie des citoyens français est basée sur une agriculture qui s'appuie sur l'exportation de vin, d'agrumes,... En revanche l'économie musulmane est basée sur une agriculture archaïque, des emplois précaires et beaucoup de chômage. Cette économie dualiste entraîne une société très inégalitaire. Seul 18% des enfants musulmans sont scolarisés.

b) insurrection du 1er novembre 1954
Ce sont des jeunes messalistes tels que Ben Bella, Aï Ahmed, Boudiaf qui critiquèrent Messali car il ne faisait rien. Anciens membres de l'armée française, ils créent le FLN (Front de Libération National) ainsi qu'une armée, l'ALN. Dans la nuit du 1er novembre 1954, ils réalisent une série d'attentats. Les français décident de pratiquer l'intégration, passant par l'égalisation des droits et des investissements pour la modernisation industrielle, pour la scolarisation,... mais cela arrive trop tard.

c) 1955: le tourment de la guerre
En 1955, le FLN perpètre des massacres dans le Constantinois, et tuent une centaine de pieds-noirs. Cela déclenche en réaction une «chasse à l'arabe» au cours de laquelle plus de 1000 personnes seront tuées. Cette situation oblige tout le monde à choisir son camp. À la fin de l'année, la métropole envoie en Algérie le contingent (Ce sont les jeunes faisant leur service militaire).

2.1956-58: la guerre à outrance:
a) les élections de 1956
Elles sont gagnés en majorité par le centre-gauche (Front Républicain) et Guy Mollet, le chef du SFIO, devient le président du Conseil (= premier ministre). Il prône la paix en Algérie par des réformes et envoie comme ministre résidant (de gauche) le général Catroux. Lorsqu'il le présente à Alger les pieds-noirs lui lance des fruits pourris: c'est la «journée des tomates». Le programme de Catroux était: Cessez-le-feu, élections, négociations. Mais le FLN refuse le cessez-le-feu, et le gouvernement se lance en Algérie dans une guerre à outrance qui commence par le doublement des effectifs, qui passent de 200 000 à 400 000 hommes. On allonge la durée du service militaire afin d'avoir plus d'hommes mais cela ne suffit pas et on appelle les réservistes. Au total, environ 3 millions de jeunes français auront fait l'expérience de la guerre en Algérie. Les dernières velléités de négociations disparaissent en octobre 1956: un avion partant du Maroc et se rendant à Tunis, volant dans l'espace aérien international est pris par les forces françaises (= acte de piraterie) et des membres du FLN, comme Ben Bella sont arrêtés.

b) l'armée au commande
On encourage la délation. On essaye d'encadrer la population, de stopper les approvisionnements en armes... C'est une guerre de guérilla classique et d'action psychologique. Dès 1957, le FLN décide de changer de tactique, et développe une vague de terrorisme urbain. Face à cela, le gouvernement et les pleins pouvoirs sont donnés au général Massu. L'armée a à la fois les pouvoirs de la police et de la justice (p.121). C'est une période de torture systématique de tous les gens arrêtés par l'armée et de disparitions mystérieuse (doc 2, p.122). Après la bataille d'Alger, le FLN est pratiquement démantelé.

c)
La France est en train de gagner la guerre sur le plan militaire mais de la perdre sur le plan politique: expédition de Suez, brouille avec le Maroc et la Tunisie, condamnations régulières à l'ONU... De plus cette guerre est un gouffre financier qui relance l'inflation. Il y a un manque de main d'œuvre te les jeunes français sont remplacés par les immigrés algériens. Sur le plan moral, c'est un véritable désastre. Guy Mollet démissionne en mai 1957 et les gouvernements qui le suivent sont renversés régulièrement car ils n'ont pas assez d'autorité pour imposer une solution politique au problème algérien, que ce soit aux pieds-noirs ou à l'armée. En mai 1958, le gouvernement est renversé. Pfimlin est pressentie par Coty pour devenir premier ministre et former un gouvernement. Mais il n'est pas apprécié en Algérie car il est considéré comme un bradeur. Les pieds-noirs manifestent le 13 mai 1958 (p.284). Ils demandent que De Gaulle prennent le pouvoir. Les militaires ont fraternisé avec les pieds-noirs. Les généraux Salan et Massu (chefs militaires) forment à Alger un «comité de salut public», ce qui est un coup d'état. De Gaulle demande les pleins pouvoirs et le droit de réviser la Constitution: il crée la Vème république («la IVè république s'est suicidée»).

3.1958-1962 et la fin de la guerre d'Algérie:
a) le tournant 1959-60
Pour De Gaulle, il faut poursuivre les opérations militaires. La rébellion est quasiment anéantie. Il y a en France une opposition croissante à la guerre et De Gaulle finit par penser que l'indépendance est inévitable. Il essaie de convaincre les français de cela. En septembre 1959, il prononce dans un discours le terme d'«autodétermination» pour l'Algérie. C'est en janvier 1960 qu'a lieu à Alger la «semaine des barricades» par les pieds-noirs. De Gaulle fait disperser les barricades et commence en juin 1960 à négocier avec le FLN, qui a fondé le «gouvernement provisoire de la république algérienne». En 1961, De Gaulle organise un référendum sur le territoire métropolitain pour savoir si les français sont d'accord que les algériens exercent leur droit à l'autodétermination et il est répondu OUI à 80%.

b) vers l'indépendance
Tous les partisans de l'Algérie française considèrent que De Gaulle est un traître et forment l'OAS (l'Organisation de l'Armée Secrète). Ils vont faire un coup d'état en avril 1961 et prennent le pouvoir en Algérie. Le coup d'état échoue car les appelés du contingent refusent de suivre les ordres de leurs chefs. L'OAS passe alors dans la clandestinité et se lance dans le terrorisme à la fois en Algérie et en métropole. Le 17 octobre 1961, le préfet de police de Paris (M.Papon) décide d'un couvre-feu pour les Algériens. Le FLN de Paris demande aux algériens de Paris de bien s'habiller et de se promener dans la ville. Résultat: 200 morts. Le 8 février 1962, il y a ce qu'on appelle la journée de Charonne: 11 morts. Pendant ce temps-là, les négociations continuent à Evian en mai 1961. La France veut garder le Sahara (bombes atomiques, fusées, pétrole, gaz...). Le cessez-le-feu est décidé le 19 mars 1962: ce sont les accords d'Evian qui accordent l'indépendance à l'Algérie, reconnaissent les droits des européens et définissent une présence militaire en Algérie pendant 3ans et une présence économique pendant 5ans. (p.123) Mais la proclamation du cessez-le-feu n'arrête pas la guerre et l'OAS se lance dans une campagne de terreur. Le 3 juillet, l'indépendance est proclamée. Les pieds-noirs appliquent la technique de la terre brûlée. Il n'y a plus aucune possibilité de réconciliation entre les 2 communautés. Plus de 800 000 français abandonnent le territoire dans les semaines qui précèdent l'indépendance.
Bilan:
Algérie indépendante
Accords d'Evian non respectés
25 000 morts français et environ 50 000 morts algériens

c) république algérienne
Le FLN s'est transformé en parti unique. Ben Bella est le premier président algérien et est renversé et remplacé en 1965 par Boumedienne. En 1991, on a imposé le multipartisme à la suite e grandes manifestations. Le résultat des élections (parti islamiste en tête) a donné lieu à une sanglante guerre civile.

B- L'émancipation de l'Afrique noire

En 1966, l'Afrique noire est presque entièrement décolonisée.

1.Une décolonisation pacique:
a) la France
De Gaulle arrive au pouvoir en 1958 et, dans le cadre de sa nouvelle Constitution, envisage une «Communauté française» et fait un référendum le 28 septembre 1958 (qui a lieu en France et en Afrique), et la réponse est OUI dans tous les territoires sauf la Guinée (sous l'influence de Sekan Toure), qui devient immédiatement indépendante. En 1960, toutes les anciennes colonies françaises obtiennent leur indépendance (p.114-115) mais gardent un lien particulier avec la France en signant des accords de coopération, ce qui ne change pas grand chose. La France est presque plus active dans ces pays après l'indépendance qu'avant (Néo-colonialisme).

b) l'Angleterre
La seule différence est que les dates ne sont pas tout à fait les mêmes: Kenya en 1963, Zambie en 1964, Tanzanie en 1964...

c) autres
En Rhodésie, la minorité blanche prend le pouvoir en 1965 et proclame sa propre indépendance.

2.Des états fragiles:

Il n'y a pas d'unité nationale. Les frontières ont été tracées par les colonisateurs, ce qui donne lieu à de nombreuses guerres civiles.

a) le Congo belge
C'est la seule colonie belge mais elle est immense et réunit des populations diverses. Il y a avait peu de scolarisation. Jusqu'en 1957, il n'y eut aucune réforme. C'est cette année là qu'on été organisées des élections municipales: parti modéré contre parti radical. Les belges s'aperçoivent que l'indépendance est inévitable et celle-ci est proclamée le 30 juin 1960. Dès les premiers jours, le chaos s'installe. Kasauubo devient président et Lumumba, premier ministre. Le 5 juillet, les troupes coloniales se mutinent contre le gouvernement. Ensuite, certaines provinces proclament elles-mêmes leur indépendance. Le président révoque le premier ministre et inversement. Ce chaos entraîne une guerre civile qui va durer jusqu'en 1967. Mobutu réussit à prendre le pouvoir, à calmer la guerre civile et il instaure une dictature qui va durer jusqu'en 1997. le Congo devient alors le Zaïre. Mobutu est renversé par Kabila qui est assassiné et remplacé par son fils. Depuis 1997, une nouvelle guerre civile en cours.

b) le Nigéria
A l'époque de son indépendance,il comptait 80 millions d'habitants(1/5 de la population africaine).C'était une colonie britannique,devenue indépendante le 1.octobre 1960;Il y a 3 ethnies:les Ibos (chrétiens) au sud-est,les Yorubas(chrétiens ou musulmans)au sud-ouest et les Haoussas(musulmans) au nord. Les britanniques n'avaient colonisé que le sud,donc à l'indépendance les gens du sud étaient les plus instruits; Les Ibos ont dominé l'administration,le commerce, l'armée...En aout 1966,il y a un soulèvement contre le président Ibo qui est accompagné d'un massacre généralisé de cette ethnie. Les survivants se réfugient dans le dans le sud-est et proclament l'indépendance de leur région en 1967,qu'ils nomment le Biafra. Pour le Nigéria,c'est inacceptable;il entre en guerre contre le Biafra,guerre qui fera plus d'un million de morts. Quasiment tous les pays africains sont du côté du Nigéria,car ils ne veulent pas que l'on touche aux frontières. Le Biafra est soutenu par la France, Israël,le Portugal et le pouvoir blanc d'Afrique du Sud. La population du Biafra est massacrée.
Les sécessions n'ont pas seulement lieu en Afrique; en Asie, le Pakistan de l'est se déclare indépendant en 1971 et prend pour nom le Bangladesh.

C- La fin de la décolonisation

1.Les colonies portugaises:

-> Angola, Mozambique, Guinée portugaise, cap Vert, Timor-Est, Macao.
À l'époque, le Portugal est le pays le plus pauvre de l'Europe, dictature dirigée par Salazar (remplacé par Caetano). Dans cet esprit, l'importance du Portugal est dûe à ses colonies et il n'est pas question de les abandonner. À partir de 1960 vont avoir lieu des guerres coloniales. Les portugais vont devoir en affronter 3 simultanément. Ces guerres ruinent l'économie et durent plus de 10ans. Les militaires se rendent comptent qu'il est impossible de gagner. La seule solution pour les stopper est de renverser le pouvoir par la Révolution des Œillets le 25 avril 1974. Les militaires rétablissent la démocratie et donnent leur indépendance à toutes leurs colonies en 1975. Les Sud-Africains financent une guérilla qui donne lieu à une guerre civile au Mozambique.
En Angola: MPLA (pro soviétiques) vs UNITA = guerre civile. L'UNITA est soutenu par les États-Unis, l'Afrique du Sud et la Chine. La guerre civile dure jusqu'en 2002.
Au Timor-Est: il devient une province indonésienne en 1976 et redevient indépendant en 2000.
À Macao: devient chinois en 1999.

2.l'Afrique australe:

a) Afrique du Sud
Une bonne partie de la population est d'origine européenne. Ce territoire a d'abord été colonisé par les hollandais (les Boers). Ils se sont appelés les Afrikaners et sont considérés comme un peuple à part. Ils parlent l'afrikaans. Les Anglais ont ensuite récupéré l'Afrique du Sud en donnant à celle-ci le statut de dominion en 1901, sous le nom d'Union Sud Africaine. En 1948, le parti national (Afrikaner) arrive au pouvoir et légalise le racisme: c'est le début de l'apartheid (développement séparé des races). 4 races sont créées: blanc, coloured (métisse), asiatiques, bantous (noires). Chaque Sud africain est officiellement classé dans l'une de ces races.
Habitations: on crée des zones de quartiers séparés
écoles séparées
interdiction des mariages et des relations sexuelles dites mixtes.
En 1961, le pays quitte le Commonwealth et proclame son indépendance sous le nom de République Sud-Africaine. L'opposition noire essaie de protester (parti de l'ANC: Mandela est condamné en 1962 à la prison à vie). En 1976, il y a une grande révolte à Soweto, mais jamais de véritable guérilla. La fin des colonies portugaises est un choc. Dans les années 70-80, on crée des «Bantoustans»: territoires désertiques auxquels on accorde l'indépendance pour les donner à des populations noires. En 1980, la Rhodésie redevient une colonie britannique pendant quelques mois afin de négocier avec la majorité noire et devenir indépendante sous le nom de Zimbabwe, avec pour président Mugube (qui y est toujours et a ruiné le pays). En 1989, De Klerk devient président d'Afrique du Sud: il est représentatif d'une nouvelle génération de dirigeants blancs qui pensent qu'il faut négocier. Le Sud-Ouest Sud-africain obtient son indépendance en 1990 sous le nom de Namibie. La même années Mandela est libéré. En 1992, De Klerk demande aux blancs si ils sont d'accord pour les réformes, ce qui aboutit à l'anéantissement de toute les lois de l'apartheid, puis aux premières élections libres en 1994, lors desquelles Mandela est élu président. La ségrégation raciale a été remplacé par une ségrégation sociale.

3.Décolonisation des «confettis des empires»:

le Bélize: 1982 (britannique)
le Surinam: 1976 (hollandais)
Djibouti: 1977 (français)
les Comores: 1983 (français)
de tous ces anciens empires coloniaux, la France est la seule à garder un certain nombre de territoires: les DOM-TOM (actuellement DOM-COM).
DOM: département comme ceux de la métropole. Mayotte;
COM: un gouvernement autonome. Nouvelle- Calédonie, Polynésie française
Dans ces anciens territoires français se posent toujours des questions de décolonisation. 3 territoires posent problème.
Mayotte: elle appartenait aux Comores ( archipel). Une des îles a voté pour rester française lors de la proclamation de l'importance des Comores; l'ONU condamne cela.
Nouvelle-Calédonie: grande île au large. Une population autochtone (les Kanaks) et des européens avec environ 50% de chaque. Les Kanaks veulent l'indépendance et pas les français. Il y a eu des troubles assez graves dans les années 80; il y a même eu un référendum en France mais l'affaire a été gelée jusqu'en 2014. C'est un cas de décolonisation qui n'est pas arrivé à terme.
Sahara occidental: entre le Maroc et la Mauritanie. C'est une colonie espagnole. Il y a eut un mouvement d'indépendance au départ des espagnoles appelé le Front PELISARIO. Le roi du Maroc a envahi ce territoire estimant qu'il faisait parti de son pays. L'ONU a dû intervenir mais les marocains et la sahariens ne sont pas d'accord sur la liste électorale.
En quelques décennies ont a eut de nombreux états qui deviennent indépendants.
Alfred Sauvy a popularisé l'expression «Tiers-Monde» et l'attribue à tous ces nouveaux pays qui n'appartiennent ni au bloc capitaliste ni au bloc communiste et n'ont aucun pouvoir sur la scène internationale mais désirant devenir quelque chose.

IV.L'entrée du Tiers-Monde sur la scène internationale.

Ces pays ont un certains de problèmes qui leurs sont communs.

A- Les problèmes du Tiers-Monde

1.Des états fragiles:

Leur point commun est le sous-développement.
a) une cohésion nationale
Ces pays sont délimités par des frontières qui ne sont ni historiques ni ethniques mais tracées par les anciens colonisateurs. Ce sont des états artificiels pour la plupart: Haute Volta, Côte d'Ivoire...
On ne change pas les frontières coloniales sauf 2 exceptions:
L'Erythrée
Le Sud Soudan

b) aucune infrastructures politiques et sociales
Il n'y a pas de cadres (élites)
Ces populations sont peu ou mal scolarisés. Le départ des colonisateurs laisse des pouvoirs politiques faible. Pour se maintenir, ces pouvoirs pratiquent souvent une politique de corruption généralisée ou de tribalisme. Il y a eut une multiplication militaire et d'un autre côté il y a l'apparition de dictature et l'émergence d'un parti unique.

c) un colonialisme qui reste présent
Le colonialisme demeure même après l'indépendance sous une nouvelle forme appelé NEO-COLONIALISME. L'économie est dominé par l'ancienne puissance coloniale et c'est elle aussi qui amène des capitaux. Elle est encore présente sur le plan administratif et même le plan militaire.
(doc p.355): un présence militaire française dans le monde.
Il y a beaucoup de bases militaires française à l'étranger et majoritairement dans les anciennes colonies: Sénégal, Gabon, Chad, Côte d'Ivoire... Lors des périodes de troubles, l'ancien colonisateur est présent et gère la stabilité des anciennes colonies.

2.De nombreux obstacles au développement:

a) les séquelles de la colonisation
les européens ont développé une économie coloniale avec des produits qui servaient à l'intérêt de la métropole. Les pays nouvellement indépendants doivent reconvertir leur économie de façon à ce qu'elle serve leur propre pays.
Ex en Algérie: ceps de vignes -> Vin pour la France.

b) des capitaux
Ces pays n'ont pas de capitaux pour investir; ils vont donc les chercher soit chez l'ancienne puissance coloniale soit auprès des institutions internationales dont le FMI (Front Monétaire International). Ils se retrouvent vite endettés.

c) la démographie
Pleine explosion démographique qui aggrave la situation de ces pays. Cette TD entraîne l'exode rurale et la croissance des bidonvilles.

3.Des problèmes culturels:

La colonisation a eut tendance à effacer les cultures nationales. À l'indépendance, toutes les langues vernaculaires (=dialectes africains) ont tendance à disparaître au profit de la langue du colonisateur. Toutes l'administration et l'éducation va rester dans la langue coloniale. Le retour aux origines est difficile. Certains pays changent de nom après l'indépendance:
Dahomey -> Benin
Gold Coast -> Ghana
Congo -> Zaïre
Haute-Volta -> Burkina Faso
Dans les pays du Maghreb, il y a eut des politiques d'arabisation. Cela a été une catastrophe car il n'y avait pas de professeurs de la langue sur place. On en a fait venir de l'étranger mais sans succès? Le français a été réintégré.

B- L'émergence politique du Tiers-Monde

Ce Tiers-Monde entre assez vite sur la scène internationale. L'URSS tente une percée sur les anciennes colonies portugaises qui deviennent pro-soviétiques; l'Éthiopie devient communiste. L'Égypte devient pro-américaines sous SADATE (successeur de Nasser) ainsi que la Somalie.
Le Tiers-Monde n'a pas d'organisations régionales solides. Dans les pays d'Afrique:
l'OEA (1948) est dirigé par les USA
l'OUA (1963. Organisation de l'Unité Africaine) est une organisation inneficace (siège à Addis Adeba). En 2002, elle se rebaptise l'Union Africaine
l'ASEAN (1967): En Asie du Sud-Est et également dirigé par les USA
la ligue arabe (1945) est une organisation paralysée par les conflits.
Il y a une absence de facteurs favorables à l'unité régionale. Ce Tiers-Monde n'a jamais réussi à s'unir.