Méthode de l'explication de texte

Voici la méthode donnée pour l'explication de texte ainsi que le premier texte commenté, celui de Pascal :

On présuppose que le texte a un sens : l'objectif est de reconnaître celui-ci.
Expliquer est le contraire d'impliquer. Si une chose est impliquée dans une autre c'est qu'elle y est cachée et latente. S'il est nécessaire d'expliquer un texte ittéraire ou philosophique, c'est parce que tout discours présente de l'implicite, présuppose des choses dont il ne peut rendre raison. L'enjeu de l'explication de texte est de rendre lumineux ce qui est caché, de manifester les présuppositions d'un discours. L'ultime implicite est la question à laquelle l'auteur cherche à répondre. On conclura une explication de texte en énonçant cette question.

L'introduction a une importance majeure. On doit y trouver :
- l'énoncé du thème du texte
- le problème du texte
- la thèse défendue par l'auteur
- les enjeux (conséquences) de la thèse
- si on dispose d'informations, la situation du texte (= contextualisation : livre, période...)
- la description rapide de la structure argumentative du texte, c'est-à-dire la manière dont l'auteur s'y prend pour défendre sa thèse

L'explication de texte philosophique doit toujours être linéaire. Elle consiste en des définitions conceptuelles, dans la mesure où celles-ci permettent d'expliciter l'implicite du texte et d'en manifester les présuppositions.
On peut ensuite se lancer dans une partie d'interprétation qui est un genre de dialogue critique avec l'auteur sur les points qui nous intéressent, ou passer directement à la conclusion.
La conclusion est un moment de synthèse et de fermeture. C'est un gage de cohérence qui garantit l'unité du discours. On rappelle synthétiquement les différentes idées du développement.





--> Blaise Pascal :

Blaise Pascal est l'un des plus grands savants français de toute l'Histoire, et tout d'abord un génie des mathématiques. Il a inventé la première machien à calculer et la notion de calcul infinitésimal. Il était également théologien chrétien et philosophe. Vivant au XVIIème siècle, il est donc contemporain de Descartes. Pascal est notamment célèbre pour un recueuil de textes qu'on appelle les Pensées. L'une de ses citations les plus célèbres est « Le coeur a ses raisons que la raison ignore. ».

--> La transcendance de la pensée :

Le thème de ce texte est la pensée, la conscience de l'Homme. La thèse défendue par Pascal est que le propre de l'Homme, son essence, est la pensée. L'enquête intellectuelle porte donc sur le propre de l'Homme. Le propre d'une chose, son identité, est ce qio ne peut lui être enlevé sans la modifier. Il n'y a d'identité que différentielle. Le propos de Pascal est paradoxal car il propose deux qualités qui s'opposent : la grandeur et la misère. L'Homme est misérable dans sa fragilité ontologique, qui est la mort. L'Homme est fini dans l'espace et le temps et y est en quelque sorte incarcéré. L'incarnation est une incarcération. Du seul fait qu'elle a commencé, la vie est appelée à finir. L'Homme constate qu'il est écrasé par une infinité de temps avant lui et après lui, et par une infinité d'espace autour de lui. La présence physique de l'univers et a présence temporelle ont quelque chose de vertigineux. La misère de l'Homme est la constatation qu'il est destiné à être fini. Malgré sa nullité universelle, l'Homme a une grandeur, qui est la conscience qu'il n'est rien. Le vrai point faible de quelqu'un est celui qu'il ignore. Un point faible dont on a conscience n'est déjà plus tout à fait un point faible, la misère dont on a conscience n'est déjà plus tellement misérable. L'insensé est celui qui ignore qu'il ignore. La première caractéristique de la conscience est la réflexion, et plus précisément la réflexivité (conscience = je sais que je sais). La conscience n'est arrêtée par rien, c'est une infinie capacité de prise de recul sur le réel. On peut donc avoir conscience de notre nullité cosmique. La conscience, par sa nature même, n'est pas limitée. Ainsi, l'Homme qui est de toutes parts limité a une conscience illimitée. L'Homme est prisonnier du tout car il est limité, mais est plus que le tout car il peut penser. C'est cela que l'on appelle TRANSCENDANCE (= relation par laquelle la conscience s'exhausse au-delà de tout ce qui est fini). D'après l'étymologie, « penser » contient une idée de mesure (pensare = peser). La conscience exhausse l'Homme au-delà de sa condition de simple mortel.
Qu'est-ce qu'on peut enlever à l'Homme sans qu'il cesse d'être un homme ? On peut presque tout lui enlever, répond Pascal, mais tant qu'il pensera il restera un homme. Il emploie ainsi une méthode de soustraction. Il dit que la corporalité ne définit en aucune manière notre être (ex : si le radiateur se met à penser, il devient un homme). Sans pensée, l'Homme serait soit un être inanimé, soit un être animé qui n'a pas conscience de lui-même (un animal).
Le roseau représente ici un brin d'herbe, quelque chose de négligeable. C'est une image qui figure la fragilité ontologique. L'Homme est extrêmement vulnérable, le moindre accident peut mettre fin à sa vie. La conscience de l'Homme passe forcément par la conscience de la mort (Voltaire, Dictionnaire philosophique : « La consience de la mort est le propre de l'Homme. »). « Dignité » est un terme de morale. La dignité d'une chos est ce qui lui donne sa valeur. Qu'est-ce qui est digne d'être apprécié en l'Homme ? Sa pensée, sa consience, car c'est ce qui lui permet de s'exhausser au-delà de tout. D'après Pascal, on ne peut pas baser son existence sur l'idée que l'on vivra sans fin, il faut oublier l'idée chimérique d'immortalité ainsi que celle de la domination de l'univers. L'Homme est peut-être né de la terre, mais il a des racine célestes, ainsi que le dit Socrate. L'important pour Pascal est d'aiguiser notre capacité à juger, développer sa pensée. Pour concevoir une limite, quelle qu'elle soit, il faut être au-delà d'elle. Si l'Homme peut concevoir l'espace et le temps comme une limite, c'est qu'il a un pied au-delà de celle-ci.