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le désir, la sexualité

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Message par Marion Morère Sam 29 Jan - 19:16

Le désir – La sexualité
dans Tous les matins du monde


I.L'importance attribuée au corps.
Dans le roman, la référence au corps est omniprésente de différentes façons: soit en tant que:
corps désiré lorsque Sainte Colombe rêve de sa femme «Il songeait à sa femme, à ses hanches, à son grand ventre».
Corps en mutation: La mue sexuelle, la mue de la voix pour Marin Marais.
Une référence naturaliste à la mutation du corps de Toinette «vint le temps où, une fois par mois, elle mit du linge entre ses jambes».
Les amours de Marin Marais et de Madeleine: la première leçon «les cheveux relevés, les seins gonflés». Chap XIV: «ils se touchèrent et s'embrassèrent», chap XVI: Madeleine rejoint Marin Marais à Versailles où ils s'aiment dans une chambre d'hôtel. Madeleine dégrafe son corsage et tend ses seins (Toinette fera de même). Chap XVII: Toinette s'offre à Marin Marais. Chap XVIII: Dans la séparation, le corps est présent «à demi-nus». Chap XXIV: Quand Marin Marais va voir Madeleine mourante «elle le regardait jouer avec des yeux qui brulaient de fièvre; elle ne les fermaient pas, elle détaillait son corps».
Chap XXV: «jouer donc. Je regardais votre main vieillie sur le bois de la viole», «mes mains vous parlez de mes mains ?»

II.Les diverse faces au désir.

Tous les personnages incarnent une forme de désir.
A. Une opposition masculin/féminin
Il y a une opposition très nette dans ce rapport au désir et à la sexualité.

1.les personnages féminins:
Les femmes assument leur sexualité et leur désir.
Chap XX: Madeleine suggère sa nudité par l'allusion au bain.
Chap XVI: Madeleine a dégrafé son corsage et Toinette fait de même. En écho Madame de Sainte Colombe révèle son regret que ses membres soient froides chap IX: «elle touchait ses cuisses et ses seins»
Toinette et Madeleine sont des initiatrices dans le domaine amoureux; Toinette par l'impulsion et Madeleine par la douceur et la suggestion. Il y a ce rapport plein et assumé par les femmes.

2.les personnages masculins:
Marin Marais est un objet de désir pour Toinette et d'amour pour Madeleine.
Il a un rapport tout autre au corps.
Chap VIII: Il raconte le désespoir suscité par la mutation de son corps «Il avait honte encore». Son corps, par sa transformation, le renvoie à une animalité qui le rend autre que lui-même. «il barrissait» , «comme une bête bêlante»...
A travers Marin Marais, il y a une vision de Quignard (cf: La leçon de musique). La mutation du corps est vu comme une blessure identitaire, une mutilation. Marin Marais va vivre dans la nostalgie de l'enfance. C'est la musique qui va le rapprocher de ce qui lui a été arraché.

Les femmes semblent être les initiatrices et encouragent la parole liée à la sexualité. Cette posture d'initiatrice est souvent lié à la posture maternelle. Chap VIII: Marin Marais arrive et raconte son histoire et éprouve de la honte. Madeleine lui tend une pâtisserie. Chap XV: Madame de Sainte Colombe rappelle l'absence de parole sur le sentiment amoureux; il y a un glissement vers les «pêches écrasées» qui renvoie à Madeleine.

B. La mémoire sensuelle d'une sexualité heureuse

Mr et Mme de Sainte Colombe:
C'est un désir qui est la mémoire d'une union heureuse. On évoque le souvenir amoureux et le désir pour sa femme, qui incarne une vision nourricière et rassurante ainsi qu'une constance amoureuse.

C. Le sexe et l'effroi d'une sexualité de la dépossession
a. l'effroi de l'irruption du désir
C'est un désir qui n'apaise pas et qui est à l'origine d'une perte de soi. «le désir est fascination et sidération» P. Quignard. Il est toujours ressenti comme une perte et est connoté par un manque. Chap X: Marin Marais se détourne lorsqu'il voit Madeleine nue derrière les arbres. Chap XIII: Marin Marais et Madeleine s'embrassent «ils se touchèrent et ils sursautèrent». Chap XVII: Toinette se donne à Marin Marais, il est sans cesse en contradiction avec lui-même. Chap XVIII: «Vous avez vu que je n'avais plus rien au bout de mon ventre pour vous» C'est comme si il était dissocié de son corps.
Chez Toinette, le désir a un caractère dévorateur tandis que chez Madeleine le désir est indissociable de l'amour; désir et amour prennent alors un caractère dévorateur au sens tragique. Elle vit son désir avec immédiateté (chap. XVI)
-> EROS et TANATHOS sont indissociables.
Quignard dit qu'il y aurait un parallélisme entre le cri de l'orgasme et le cri de la mort.

Marion Morère

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Date d'inscription : 21/11/2010

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