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Les besoins de l'âme

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Les besoins de l'âme Empty Les besoins de l'âme

Message par Flora Dim 6 Fév - 12:26

Ce texte est un projet constitutionnel pour la France d'après la libération. C'est un texte de lois fondamentales.

Biographie :

Simone Weil naît en 1909 dans une famille juive non pratiquante. Elle a fait l'École normale et est agrégée de philosophie, matière qu'elle a enseigné dans un lycée. Ensuite, du fait de ses convictions de gauche, elle est partie travailler à l'usine, puis aux champs. Sa rencontre avec la tradition philosophique a été une véritable conversion spéculative (ce que les grecs appelaient métanoïa) ; sa rencontre avec la foi chrétienne a également été fondamentale. Elle est un penseur chrétien. Une philosophie chrétienne est-elle possible ? → Au premier sens, c'est une contradiction dans les termes, comme le disait Heidegger : « C'est un cercle carré » car on obéit à une révélation, tandis que d'un autre côté il y a la raison naturelle qui ne se soumet qu'à elle-même. C'est possible si l'on considère que la raison a par nature vocation à se laisser guider par la foi. Simone Weil appartient à cette seconde tradition, et on s'aperçoit que les valeurs chrétiennes transparaissent dans cette tentative de création d'une constitution.

L'œuvre :

Cette œuvre est extraite d'un texte plus vaste, L'Enracinement, rédigé en 1942 à la demande du Conseil National de la Résistance établi à Londres. On a demandé à Simone Weil de rédiger les bases de la constitution pour la France, en anticipant la libération. On lui avait donné pour impératif de penser un texte qui rendrait impossible l'apparition d'états totalitaires, de systèmes politiques aliénants. C'est dans la perspective d'une renaissance française et européenne que ce texte a été rédigé. Les guerres mondiales sont deux tentatives de suicide de l'Europe. Qu'est-ce qu'une guerre mondiale ? → Une guerre qui implique le monde contre lui-même et n'a donc pas de limites dans l'espace. Mais dans ce cas, pourrait-elle avoir une limite dans le temps ? Depuis l'apparition des guerres mondiales, tous les conflits sont incessants et planétarisés.
Malgré son abstraction, ce texte relève d'un projet clairement et étroitement politique. De ce point de vue-là, Simone Weil s'inscrit dans une très ancienne tradition d'influence de la philosophie sur la vie politique : Socrate condamné à mort par Athènes en -399 (premier vrai dissident politique de l'Histoire) ; Platon qui a été à plusieurs reprises mandaté pour rédiger des constitutions (par Denys l'Ancien, tyran de Syracuse, en -389 ; par son fils Denys le Jeune en -361) ; Saint-Augustin, dont La cité de Dieu était le livre de chevet de Charlemagne ; Aristote qui a été le précepteur d'Alexandre le Grand ; Machiavel (Florence, XVème siècle) dont Le Prince est un manuel qui regroupe tous les moyens pour conserver le pouvoir et dominer le peuple,... Il y a historiquement une ligne qui nous mène d'Athènes au IVème siècle avant J.C. à Londres en 1942. La politique doit faire appel aux philosophes et elle le fait toujours, lorsqu'il s'agit de trouver les mots pour diriger le peuple et de trouver un système viable. Marc-Aurèle est l'ultime exemple, il est l'empereur-philosophe. La philosophie est présente lorsque l'esprit du peuple s'objective dans la rédaction des lois. Les souverains le savent et ils l'ont toujours su. Il y a autant de constitutions possibles pour les hommes qu'il y a de philosophies (ex : l'ONU fonctionne sur un principe stoïcien dégradé).
Ce que veut faire Simone Weil, c'est identifier les erreurs et les fautes qui sont à l'origine de la guerre. Le Conseil National de la Résistance lui avait d'abord demandé de rédiger une déclaration des droits de la personne humaine, et elle a immédiatement rejeté ce principe. Elle dit que l'on a trop habitué le citoyen à se préoccuper de sa propre personne et de ses droits subjectifs individuels, et que c'est cela qui a fait succomber l'Europe car c'est ce explique l'apparition des totalitarismes. L'Europe de la première moitié du XXème siècle est caractérisée par un antagonisme simple : des sociétés où l'idée de patrie disparaît pour l'idée de personne (libéralisme), d'autres où l'on absolutise la patrie contre l'individu (fascisme, nazisme : prima du tout sur la partie). Soit on absolutise la personne et la nation disparaît, soit on absolutise la nation et la personne disparaît. Dans les deux cas on est perdant car on perd l'un des deux pôles d'équilibre de la présence humaine. Actuellement, il n'y a plus de limite dans la revendication des droits (ex : récemment, une Taïwanaise s'est mariée avec elle-même). Lorsqu'elle est rationnelle, la politique cherche toujours un équilibre, un moyen terme entre ces deux pôles antagonistes (cela s'illustre dans les passage de la république de Weimar au IIIème Reich : on passe d'un extrême à l'autre). Simone Weil cherche dans ce texte la voie moyenne qui conserve l'individu sans détruire le groupe : elle préconise la voie du renoncement.
Parallèlement à cette réflexion politique, Simone Weil pense une théorie d'ordre pratique. Par exemple, elle avait pour projet de constituer une formation d'infirmières de première ligne. Comme elle le dit « les facteurs moraux sont essentiels dans la guerre actuelle » et « Hitler n'a jamais perdu de vue qu'il fallait frapper l'imagination de tous ». Le nazisme satisfait selon elle un besoin moral, un besoin esthétique, et un besoin mystique. Les symboles dont il a su s'entourer sont des symboles indiscutables qui renforcent la puissance d'adhésion. Le concept central du nazisme est d'abord celui de force, l'absolutisation de la force de la nature qui a vocation à s'étendre. Le nazisme identifie dans le christianisme l'antithèse de ce qu'il cherche à défendre. S'il a une religion, c'est un paganisme du cosmos naturel. Pour Simone Weil, les combattant nazis sont les incarnations des forces naturelles. Qu'est-ce qu'on peut bien leur opposer ? → Des femmes sans force et prêtes a dévouement. Il faut aller au bout de l'opposition. Cette idée étonnante ne s'est jamais concrétisée. Dans ce projet concret s'exprime déjà quelque chose comme une morale chrétienne : élever la voix face au glaive, répondre à la violence par la douceur.


PREMIER PARAGRAPHE p.7

Le concept d'obligation peut ici être identifié à celui de devoir. C'est l'un des concepts fondamentaux du texte. Simone Weil veut inverser la primauté entre le droit et l'obligation. C'est pourquoi L'Enracinement a pour sous-titre Prélude à une déclaration des devoirs envers l'être humain. Mais cette primauté de l'obligation, Simone Weil la pense d'abord d'un point de vue conceptuel (et non moral ou physique). Le concept de devoir précède forcément d'un point de vue logique celui de droit, car pour qu'un individu ait des droits, il faut qu'on les lui reconnaisse. Pour que quelqu'un ait le droit de circuler, il faut que tous les autres aient le devoir de ne pas l'empêcher de circuler. Conceptuellement, ce qui rend possible le droit das son effectivité, c'est le devoir. Sans sens du devoir, il n'y aurait aucun droit. Le concept de droit est un concept relatif, tandis que celui de devoir est absolu. Logiquement, le concept de droit est un concept dérivé et donc secondaire, on ne peut pas se fonder sur lui : si l'on se fonde sur le relatif, ce qu'on fonde s'effondre. On ne peut donc pas fonder une constitution sur la notion de droit. L'idée d'obligation (ob-ligere = lier les hommes) implique l'idée d'une communauté, tandis que le droit est déjà une forme de dissidence théorique : c'est l'ensemble des avantages et des garanties existentielles que l'individu peut exiger de la société dont il fait partie. L'obligation est la vocation qu'a l'individu à s'insérer dans un groupe. La force de l'obligation est qu'elle ne dépend pas de conditions externes. Le devoir, il suffit qu'il soit intérieur pour être efficace, tandis que le droit n'est efficace et valide qu'en fonction de conditions extérieures bien spécifiques.

SECOND PARAGRAHE p.7

Peut-on penser un devoir qui n'impliquerait pas l'intersubjectivité ? → Selon Simone Weil, oui. Mais quelle obligation aurait un homme seul dans l'univers ? L'homme maintiendrait un sentiment du devoir-être car il pense que c'est ce qui fait son humanité. Cette idée ne se justifie pas vraiment, sauf si on la pense d'un point de vue religieux, avec l'idée du respect de la vie en tant que création divine. Tout ce qu'elle va argumenter n'est valable qu'avec la présence d'un principe transcendant.

TROISIEME ET QUATRIEME PARAGRAPHES p.7-8

Simone Weil introduit la dualité conditions (→ droits) / inconditionné (→ devoirs). Un droit est toujours relatif, tandis qu'un devoir, s'il est authentique, est toujours absolu. Le droit est toujours lié à l'immanence du monde alors que le devoir est toujours lié à une expérience de la transcendance. Seul le devoir peut être le fondement du droit. Le droit à s'exprimer est lié à un devoir d'écoute, celui de circuler à un devoir de respect,.. Inconditionné est chez Platon synonyme d'anhypothétique (= ce qui sort de la série ds hypothèses). Platon, République, Livre VI : « La démonstration de géométrie est toujours fondée sur des hypothèses ». Simone Weil s'inscrit dans la tradition platonicienne. On peut ressentir comme un devoir le fait d'être sincère alors que tout autour de nous va à l'encontre de ce devoir. L'obligation peut s'imposer à quelqu'un alors que rien ne l'y oblige. Au contraire, le droit est toujours conditionné par l'extériorité. Assumer un devoir peut nous conduire à tout perdre : c'est un sacrifice. C'est dans le devoir que l'action est la plus libre, alors que nous sommes prisonniers de nos droits. L'expression « Ma liberté s'arrête là où commence celle des autres » est complètement absurde. Il faudrait dire : « Ma liberté commence là où commence celle des autres ». Y a-t-il des devoirs universels ? → A priori oui, par exemple celui d'honorer et de respecter ses parents.
Simone Weil fait une lecture historique de la prépondérance du droit sur le devoir. Elle impute à la Révolution française une confusion conceptuelle qui a rendu possibles les guerres mondiales. C'est une thèse surprenante et politiquement incorrecte. Cette interprétation scandaleuse (= qui fait obstacle) fait remonter les deux tentatives de suicide de l'Europe à la Révolution. Elle reproche aux révolutionnaires d'avoir fait primer le droit sur le devoir et de ne pas avoir su penser l'harmonie entre les deux ; d'avoir absolutisé la notion de droit et d'avoir dissolu le sentiment du devoir. L'immanence a triomphé de la transcendance. Pour les révolutionnaires, celui qui gouverne doit être un homme comme un autre désigné par l'opinion du plus grand nombre. C'est un triomphe du temporel sur l'éternel, et c'est ce qui rend possible la substitution du devoir et du droit. Pour Simone Weil, avant d'avoir des droits, les hommes ont des devoirs et des besoins.

Contestation :
Historiquement, il est faux de dire que les révolutionnaires ont nié la transcendance. Ils ont voulu mettre en place un culte : le culte de la Raison (en quelque sorte une religion philosophique), appelée l'Être suprême ou encore le Grand Architecte. Ils ont donc substitué à la croix le compas et l'équerre.
Mais il est vrai que l'Histoire va dans le sens de la promotion de l'individu au détriment du groupe dans lequel il s'insère et que la Révolution est le paroxysme de la centralisation de l'individu singulier.


CINQUIEME ET SIXIEME PARAGRAPHES p.8

Le sentiment du devoir est toujours singulier et non partageable ; il nous authentifie dans notre singularité. Les groupes n'ont pas de devoirs, seuls leurs membres en ont.
Elle rend compte du fait qu'il y a souvent conflit des obligations, et c'est bien là le drame de l'existence morale de l'Homme. C'est la notion de dilemme : si on choisit une obligation, on trahit l'autre (exemple : conflit entre le devoir de sincérité et le devoir de protection). C'est une forme prise, pour Camus, par le malconfort de l'Homme. La solution au conflit des devoirs est toujours le courage, qui implique le danger. La non-violence est-elle un evoir absolu ? -> Rationnellement non, car si elle est indifférence, elle pérennise le Mal. Sans haine pour l'injustice, il n'y a pas de justice. Pour agir, il faut être nostalgique de la perfection, de l'idée d'un bonheur parfait.

PAGE 9

Plus une organisation politique comprend de dilemmes, plus elle est mauvaise. On pourrait faire une classification objective des régimes politiques selon le nombre de contradictions morales qu'ils entraînent. Le meilleur système est celui qui ne produit pas de dilemmes, qui est capable de composer effectivement les valeurs morales et non de les séparer. Dans un dilemme, le choix est en quelque sorte toujours mauvais. Exemple, le tabac : l'état vend un produit dont il dit que c'est un poison et dont il déconseille l'usage (attitude perverse) ; devoir de respect de l'autorité et devoir d'insurrection contre l'autorité.
La personne humaine, en tant que telle, est digne, et digne de soins. Ce devoir est d'après Simone Weil un impératif absolu qui ne dépend jamais des circonstances. La dignité de la personne humaine est absolue et incontestable en théorie. Plaute : « L'homme est un loup pour l'Homme, l'Homme est un dieu pour l'Homme ». L'obligation de respect est inconditionnée.
Contestation : l'Homme peut perdre sa dignité. Il n'est digne que par ses efforts, son mérite individuel. On oppose un humanisme chrétien de la personne individuelle (vision de Simone Weil) à un humanisme païen du mérite.
Cette dignité n'est pas l'effet artificiel d'un commun accord des hommes. Ce n'est pas le choix de l'humanité : il y a un devoir qui s'impose à elle quoi qu'elle en pense. Ce qui fait qu'il peut y avoir opposition entre cette obligation de droit et sa contestation de fait est la liberté de l'Homme. Le mal n'advient que du fait de la liberté. La possibilité d'une appréciation normative de l'action conditionnée par l'hyopthèse de la liberté. Il faudrait reconnaître cette dignité quand bien même tout dans le monde la nierait.
L'Homme a une racine céleste plus qu'une racine terrestre : sa présence a un sens divin. Qu'est-ce qui fait qu'il y a une parenté entre le Principe et la personne ? -> Le devoir, le fait d'être capable de ménager en soi une place pour ce qui n'est pas soi, de faire primer l'intérêt d'autrui sur le sien. Dieu est absolu et n'a besoin de rien mais crée quelque chose qui lui est relativement extérieur, crée du libre, c'est-à-dire quelque chose qui peut lui échapper, en se retirant. Dans l'expérience du devoir, on reproduit cette expérience divine. Lorsque nous accomplissons notre devoir, nous consentons à ne plus être le centre du monde.

PAGE 10

Le monde matériel n'explique pas un sentiment tel que la pitié. C'est ce qui authentifie la singularité de l'Homme, la caractère transcendant de la présence humaine.
Simone weil avance un argument de fait : ion voit bien historiquement que le devoir de respect est reconnu par toute l'humanité. C'est une vérification empirique qui n'a pas valeur de loi. Mais elle dit bien que tout le monde la reconnaît sauf quand on ne la reconnaît pas : on voit là la faiblesse de l'argument. C'est aux soins apporté aux faibles que l'on peut mesurer le degré d'humanisation d'une société (exemple : supprimer la faiblesse -> Lacédémone).
Il y a une différence entre légalité et légitimité. Simone Weil souligne un paradoxe important : le droit n'est pas forcément juste. Quand le droit s'écarte de l'exigence de la justice, il n'est plus légitime.
La destinée éternelle de l'être humain est absolue et ne peut pas être relative à une obligation.
L'obligation est définie comme devoir de respect (= capacité de laisser la place à l'existence d'autrui). C'est le besoin qui force le respect.
C'est le besoin de nourriture qui va devenir le paradygme de tous les besoins de l'Homme en son âme. L'âme « justifiée » veut dire l'âme sauvée. Ce paragraphe énonce un nouvel argument de fait.
Simone Weil explique qu'il est beaucoup plus d'énumérer les besoins physiques (c'est-à-dire du corps) que les besoins moraux (c'est-à-dire de l'âme). Il y a des choses dont l'Homme a besoin, sinon il dépérit sans que son corps dépérisse : l'âme peut mourir dans un corps sain. Elle pose les peincipes d'un dualisme platonicien radical.
L'homme peut subir des attentats symbolique car ils ne portent pas atteinte au corps. Les besoins de l'âme sont des besoins symboliques. L'âme est une puissance qui a besoin d'essence. Par la négative, on comprend que l'Homme a une présence spirituelle.

PAGES 12-13

Il y a irréductiblement des peuples : l'identité humaine comprend des différences réelles qui ne sont pas solubles les unes dans les autres. Simone Weil s'oppose à une thèse cosmopolite que défendent les stoïciens en exprimant le fait qu'il y a de la diversité dans l'Homme. Les différents peuples ne sont pas substituables. On ne peut pas noyer l'humanité dans un humanisme universaliste abstrait qui nie l'existence populaire de l'Homme. Il y a un génie des nations et cet esprit, quand il meurt, rien ne peut le remplacer ! C'est le logos qui spécifie l'existence nationale. Substituer un peuple à un autre revient à mutiler l'humanité.
Une culture populaire est féconde : elle est autant une promesse d'avenir que la transmission des richesses du passé. La tradition est gardée par le groupe. Même si la culture est un bien commun, sa transmission passe toujours par la singularité : par les sages, qui sont les usufruitiers du patrimoine. Ceux qui rayonnent sont charismatiques.
Simone Weil se pose la question de la hiérarchie entre l'Homme et la collectivité. Elle propose ensute une typologie des sociétés en fonctionde leur rapport à l'âme de l'être humain et à ses besoins. Pour Simone Weil, l'âme est ce qui a le souci du Bien, c'est-à-dire qui s'attend toujours à être aimé, et est capable de reocnnaître l'existence du bien et de tenter de le faire ; c'est l'attente de l'amour et le sentiment du devoir. Une société qui mange l'âme est une société qui nie ce besoin et tue en l'Homme le souci du Vrai, du Bien et du Beau. Il y a des sociétés entières qui sont spectrales et doivent être anéanties. Ce sont les sociétés des simulacres techniques artificiels (peut-être ?). ce sont en tout cas les sociétés de l'indifférence pure.
Le besoin est nature et nécessaire, le désir artificiel et superflu, contingent. Entre les deux, il y a les poisons : ce qui donne l'illusion de nourrir mais fait mourir. Mais qu'est-ce qu'un poison moral ? -> Se donner l'illusion que l'on satisfait l'exigence du Bien pour l'éloigner à tout jamais, par exemple l'humanitarisme par opposition à l'humanitaire.


L'ORDRE

Dans le premier paragraphe, elle évoque le besoin de cohérence entre les devoirs. La morale est aussi affaire d elogique au sens où elle doit obéir au principe de non-contradiction.
Concrètement, il semlerait que les contradictions se multiplient, et la compossibilité (-> Leibniz) devient problématique. Il n'y a de morale que de la prudence. Elle met en rapport le Bien et le Beau. Il y a un courant de pensée qui dit que le seul facteur d'unification c'est la force. Quelqu'un qui interprète tout selon des rapports de force est quelqu'un de soupçonneux (faire un cadeau = endetter / donner pour rien). Le soupçon tue les relations authentiquement humaines (sympathie, empathie).
Si la force était réellement le concept central de l'univers, il n'y aurait pas d'uniers. L'unvers est uni, les forces s'arrêtent les unes les autres et sont limitées dans leur développement. S'il y a régularité, c'est qu'il n'y a pas que de la force mais aussi de la forme. C'il n'y a que de la force, c'est le chaos. Avec le seul concept de force, on ne peut pas expliquer l'ordre, même un ordre relatif. La beauté est toujours la limite, le « rien de trop ». C'est une thèse de type idéaliste ; et l'idée, c'est la forme.
L'ordre humain est ce qui correspond le mieux d'un point de vue moral à l'ordre que nous observons dans l'univers. L'ordre humain doit répondre à l'ordre cosmique. L'idée de cet ordre ne nous vient d'abord que par son absence. Si nous nous entendions, il n'y aurait jamais besoin d'un ordre politique. La subjectivité est toujours facteur de désordre.
Simone Weil distingue le besoin du désir et souligne le caractère infini et insatiable du désir par opposition à la finitude du besoin. L'âme peut trouver le bonheur en ne manquant de rien si elle cherche à satisfaire ses besoins et non désirs.
Il y a une palinodie des besoins, une exigence d'ordre. Entre les opposés, nous trouvons satisfation. La voie moyenne n'est pas la voie médicore ; la médiation est sommet. Le moyen terme est signe d'excellence et de la pleine réalisation des actes.


LA LIBERTE

Pour Simone Weil, être libvre c'est pouvoir choisir effectivement. Le premier problème est la question de la coexistence et de la compatibilité des libertés humaines, selon règles. Ce n'est pas parce que celles-ci sont larges que la liberté est effective. On ne peut pas mesurer la liberté. Il faut que les règles qui permettent l'administration des comportements soient simples, pour qu'elles soient compréhensibles quel que soit le dergé d'intelligence de l'individu. Il faut que soient compréhensibles leur vocation mais aussi leur justification.
Elle introduit un paramètre subjectif qui a son importance : la règle soit être édictée par une autorité aimée et admirée. Il faut intérioriser la loi. Elle évoque également les impératifs de stabilité et de parcimonie, l'élégance du corpus légal.
La thèse pose un problème : comment est-ce possible que la liberté soit « limitée dans les faits » mais « totale dans la conscience » ? La règle ne doit pas être un coup de fouet mais une poussée d'adrénaline, un moyen d'effectuation.
Il n'y a que l'enfant pour croire que toute limite est une négation de notre être, que la règle est toujours une entrave. L'adulte doit ressentir que la limite est comme un tremplin. Ceux qui restent puérils ne sont pas libres car l'illimitation n'existe pas pour l'Homme.
Avoir tout pouvoir mène soit à l'ennio, soit à la paralysie. Dans ces deux états, l'idée même de liberté perd son sens et l'Homme en vient à penser que la liberté n'a pas de sens et n'est pas un bien. Cette situation est l'authentique aliénation.


L'OBEISSANCE

L'âme ultimement désobéissante est l'âme du tyran (-> rencontre du pouvoir et de la folie). Exemple : Calligula, qui a nommé son cheval premier ministre. Sa devise était « Qu'ils me haïssent, pourvu qu'ils me craignent ». L'obéissance est un acte d'adhésion subjective à une loi. Nous ne cessons jamais d'obéir, car lorsque nous refusons d'obéir à une loi c'est en vertu d'une autre règle, qui lui est supérieure. Une âme qui cesse d'obéir devient folle. Ceci réfute toute légitimation de la tyrannie (= système dans lequel le chef n'a de comptes à rendre à personne et n'est soumis qu'à sa propre loi). Ce qui fait la perversion d'un système, c'est la rupture de la chaîne de l'obéissance. Autre exemple de tyran : Idi Anim Dada (président ougandais dans les années 70) qui a fait remettre en scène le sacre de Napoléon, se faisait transporter dans une chaise à porteurs et avait dans son palais un étang avec des crocodiles qu'il nourrissait avec ses opposants,...
Simone Weil se fait le porte-parole de la monarchie constitutionnelle. Si la personne en haut de la pyramide est là héréditairement, elle ne soit avoir aucun pouvoir. Sa fonction est d'authentifier qu'il y a bien quelque chose comme une autorité quprême qui doit approuver formellement les décisions du Parlement. Une âme a besoin de symboles.
La tyrannie vient satisfaire comme un poison le besoin d'obéissance. La contradiction interne de la démocratie est qu'au nom de la liberté elle finit par saper le fondement de toute autorité et crée donc d'elle-même un grand besoin d'obéissance. Chaque système crée un vide. L'oligarchie crée le vide du Bien transcendantal.
Flora
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