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La vérité

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Message par Marion Morère Dim 21 Nov - 20:33

La vérité

--> Le besoin de vérité :

La vérité est l'exigence fondamentale de la pensée, car la pensée ne peut pas se soustraire à la quête du Vrai. La vérité est l'horizon de l'esprit. Elle s'impose comme l'exigence spirituelle même. On ne peut pas nier cette exigence, sauf en produisant une contradiction qui empêche la pensée de s'exercer. L'école philosophique qui met en question la capacité de l'Homme à accéder à la vérité est le scepticisme. C'est l'art de douter, de mettre en question les jugements. Le fondateur du scepticisme est Pyrrhon d'Elis (IVème siècle av. J-C). Ce mot vient du verbe grec « regarder, contempler ». C'est attitude qui consiste à regarder le monde en se retenant de le juger. Le jugement bride notre expérience du réel. Le sceptique est celui qui veut faire abstraction des jugements portés sur le monde pour pouvoir le contempler. On distingue trois types de scepticismes :
le scepticisme méthodique (Descartes) : Pour le sceptique méthodique, le doute est un instrument épistémologique. La science ne progresse que lorsqu'elle est capable de se mettre en doute. Notre besoin de vérité s'exprime dans le fait que nous sommes capables de la mettre en question. La physique, par exemple, n'aurait jamais évolué si Newton n'avait pas douté d'Aristote, Einstein de Newton, ...
le scepticisme mystique : Le doute est ici une attitude existentielle, un comportement fondamental qui transforme radicalement la présence humaine. Le sceptique mystique ne porte jamais de jugement, il renonce au pouvoir de la parole car pour lui le monde est un objet de contemplation et non de connaissance.
le scepticisme absolu : Ici, le scepticisme produit la contradiction: si je doute de tout, je ne peux pas douter du fait que je doute, sinon cela veut dire que je ne doute plus. Ainsi on ne peut pas douter de tout, sinon on se contredit. Quelque chose résiste à l'entreprise sceptique : c'est l'exigence de la vérité. Il y a un seuil au-delà duquel on ne peut plus sans contradiction mettre en doute l'exigence de la vérité.

Le besoin de vérité est si intime en l'esprit qu'y renoncer ou le nier est une sorte de suicide mental. L'esprit qui n'assume pas l'exigence du Vrai est asphyxié.


--> La nature de la vérité :

Il faut distinguer la vérité de la sincérité, la réalité et l'authenticité. Au sens logique le plus étroit, la vérité est une propriété du langage. Au sens strict, ce qui peut être vrai ou faux est un jugement, une phrase. Le bureau par exemple n'est ni vrai ni faux. Un objet ne peut pas être vrai ou faux, c'est ce qu'on en dit. Tous les jugements ou discours ne sont pas également susceptibles d'avoir une valeur de vérité. « Bonjour » n'est ni vrai ni faux, mais peut être sincère ou non. Un poème est un discours qui n'est ni vrai ni faux, il a seulement une valeur esthétique. Le discours susceptible d'être vrai ou faux est ce qu'Aristote appelle le discours apophantique : dire quelque chose de quelque chose d'autre (« C'est affirmer ou nier quelque chose de quelque chose », Aristote, De l'interprétation, livre III). Exemples : la rose est belle ; le cours est fatiguant ; le ciel est bleu. La réalité est dévoilée dans le jugement. Le langage est un miroir de la réalité, un opérateur par lequel toute réalité trouve à être réfléchie. La vérité est la propriété qu'a le langage de nous dévoiler le monde (alhqeia = vérité ; lhqeia = sommeil, oubli). Le discours apophantique est celui où ce dévoilement est possible. Le jugement vrai est celui qui est en adéquation avec le réel. La vérité est la fidélité du langage à l'être.

Penser / Dire / Être
-> Miroir non déformant = Sincérité -> Miroir non déformant = Vrai
-> Miroir déformant = Mensonge -> Miroir déformant = Faux

On peut dire sincèrement quelque chose de faux (dire que la Terre est plate si on le pense vraiment) et on peut mentir en disant la vérité (être convaincu que la Terre est plate mais dire qu'elle est ronde).
« Réalité » vient du latin « res » signifiant chose. Ainsi, la réalité est l'ensemble formé par toute chose.
L'authenticité est l'adéquation entre la chose et son concept, sa définition.

Le logos a longtemps été considéré comme un pouvoir magique. Ainsi le mot « grammaire » a donné en anglais « glamour », qui renvoie à une idée de charme. De cette manière, on peut dire que celui qui maîtrise la grammaire peut faire surgir à volonté, comme en se servant d'un pouvoir magique, la vérité et la fausseté.


--> Les propriétés du jugement vrai :

- « Je parle » = Jugement performatif (jugement qui énonce ce qu'il fait. C'est l'énoncé même qui transforme la réalité. Par exemple : « Je vous déclare mari et femme. » ; « Je vous condamne à 127 ans de prison. » ; « Merci. »)
- « Je suis une fille » = Jugement empirique, comme le précédent.
- « La vie se termine par la mort » = Jugement absolument vrai.
Un jugement qui développe la définition même du sujet qu'il détermine est un jugement parfaitement vrai : « Toute matière occupe un espace. » ; « Un triangle a trois angles. » Ce sont des jugements analytiques, par opposition à jugements synthétiques. Une analyse est une décomposition, une division. Un jugement analytique décompose son sujet. 99% des jugements sont des jugements synthétiques, car on peut les mettre en doute dans la mesure où ils ne développent pas la définition du sujet.
Le jugement analytique parfaitement vrai a toujours nécessairement trois propriétés :
-> il est nécessaire (= ce qui ne peut pas ne pas être = ce dont le contraire est impossible, par opposition à contingent)
-> il est objectif (= sa vérité ne dépend pas du point de vue que l'on a sur la chose)
-> il est universel (= quels que soient le temps et le lieu, par opposition à particulier, singulier).
Le jugement analytique, on s'en fiche. C'est la vérité pure qui nous intéresse le moins, qui est la plus vide de signification. Elle ne fait pas augmenter les connaissances. Bien qu'ils soient parfaitement nécessaires, la quête humaine de la vérité ne peut pas s'arrêter aux jugements analytiques. La vérité la plus pure est la vérité la plus vainse qui, au lieu d'assouvir notre appétit de connaissances, le déçoit.

La perception :
La sensation par nature est vague et infrarationelle, elle n'a pas par elle-même de sens, contrairement à la perception qui commence lorsqu'on rapporte un ensemble de choses senties en une seule et unique chose. C'est le recueil de choses senties en une signification, ce qui vient unifier les sensations. La perception est liée à la conscience, la sensation à la physiologie. Pour percevoir, il faut déjà interpréter.
-> Perception = Acte de l'intelligence
-> Sensation = Fait de la chair, état brut

Dans le mot ob/jectif, il y a une idée de placement en avant, de mise en relief, tout comme dans pro/stituer.
--> C'est ce que l'on peut manipuler à loisir, ce sont on peut faire le tour sous tous les angles.

Uni/vers -> Ce qui est tendu vers l'unité
-> L'idée que la réalité fait un
--> Université = Le lieu de l'universel, le lieu qui par nature est destiné à découvrir la vérité.

L'esprit humain doit toujours prendre le risque de l'erreur et s'engager dans des jugement synthétiques. C'est ce que font les sciences expérimentales.


--> La vérité expérimentale :
-> En quel sens perle-t-on de vérité dans les sciences expérimentales que sont la physique, la biologie, la génétique... ?

Les sciences sont classées sous différentes catégories :
Les sciences dures, qui ne permettent pas d'être remises en question et proposent des énoncés analytiques. Il n'en existe que deux : la logique et les mathématiques.
Les sciences expérimentales, qui sont fondamentalement empiriques.
Les sciences humaines qui ne produisent que des énoncés synthétiques : la géographie, l'histoire, la psychologie, les langues,...
La philosophie n'est pas une science humaine. Elle n'est d'ailleurs ni dure ni expérimentale : elle est le lien entre toutes ces sciences. Elle est une métaphysique, une science absolue.
Dans les sciences expérimentales, on attend de l'expérience qu'elle vérifie une hypothèse. Une expérimentation est une expérience artificiellement provoquée dans le but de vérifier une hypothèse préalablement posée par le scientifique. L'expérimentation est un dispositif technique qui permet de'authentifier la vérité de l'hypothèse. Ce qui garantit la vérité des sciences expérimentales est l'expérience, contrairement aux mathématiques ou à la logique. Le critère du Vrai n'est plus la rigueur analytique mais l'efficience synthétique. La marche de la science expérimentale est une marche de désillusions synthétiques.

Bachelard, La formation de l'esprit scientifique :

Le scientifique pratique le scepticisme méthodique. Il n'y a pas d'esprit scientifique qui ne soit pas esprit sceptique, car il met en doute une première observation et met en œuvre sa capacité de doute. Cela présuppose que la réalité est toujours source d'illusions, qu'elle est trompeuse et que le premier contact que nous avons avec elle est toujours un contact infidèle. Le scientifique est celui qui se met en garde contre les trompe-l'œil. Par exemple, quand on plonge un bâton dans l'eau, on a l'impression qu'il est brisé, ce qui est absolument faux. Il y a une dimension esthétique de la science : pour Bachelard, la nature est d'abord un trompe-l'œil, elle ne se livre pas tout de suite à nous, il faut savoir la dévoiler. Comme le dit Héraclite, « La nature aime à se cacher ». Pour les Égyptiens et les plus anciens Grecs, Isis est la déesse de la nature et est toujours représentée voilée. La nature de la science est de dévoiler Isis, pour pouvoir reconnaître ce qui est en vérité. Comme le dit Bacon (XVIème siècle) dans son Norum Organum : « Il faut traiter la nature comme une fille de joie », c'est-à-dire la forcer à se dévoiler. Pour Bacon, la science moderne est un viol de la nature. L'ambition du scientifique est de la débarrasser des masques dont elle se pare. Mais y a-t-il des choses qui sont sans différence ce qu'elles paraissent être ? Oui : ce sont les œuvres d'art, car elles ne sont justement qu'un apparaître ; tout art est mimétique.
« Observation polémique » est un terme étrange, car polémique au sens étymologique vient du grec polemoV qui signifie combat. D'après Héraclite, « Le combat est père de toute chose », c'est-à-dire que toute réalité ne doit sa nature propre et intime qu'à un rapport de force. Les dualités structurent le réel et font apparaître ce qui est. La science est un combat contre les voiles d'Isis, c'est-à-dire contre les apparences. L'auteur présuppose qu'entre les termes « être » et « apparaître » il y a une différence. C'est dans cet écart que se glisse la possibilité de l'illusion (ludere = jouer). L'illusion est un jeu dans le sens d'un écart, et dans le sens d'un jeu avec les apparences. En Inde, la Maya désigne le voile d'illusions qui recouvre toute chose.
L'observation scientifique ne se fait jamais au hasard, elle est guidée par un jugement préalable, un à-priori. Si on fait l'hypothèse qu'il y a une relation entre croissance d'un végétal et lumière, on peut faire une expérimentation en mettant un cactus dans une boîte noire. On constate qu'il meurt et infirme la théorie. La recherche scientifique est une dynamique de vérification : hypothèse -> expérimentation -> hypothèse -> expérimentation.... C'est le propre de la science expérimentale.
« Elle montre en démontrant » est un paradoxe. Une démonstration est une chaîne nécessaire de propositions, articulées entre elles de sorte qu'il n'y ait pas de saut entre deux d'entre elles. La monstration en revanche est immédiate. Cette phrase signifie qu'elle dévoile la vérité immédiatement mais comme l'effet d'une série de médiations.
« Elle hiérarchise les apparences » signifie que si l'on a découvert la vérité de la chose, il faut être capable de reconstruire l'ordre de son dévoilement en classant les apparences de la plus trompeuse à la moins trompeuse.
La réalité observe la science : c'est une réalité que la science pense, qu'elle construit. Le réel scientifique est la conséquence d'un travail théorique.

Quel genre de réalité la science contemporaine soutend-elle ?
-> Les sciences expérimentales contemporaines sont analytiques (procédant par division) et matérialistes. Ses caractéristiques propres sont de décomposer un objet simple en une multiplicité. Elles disent que tout est matière, que n'a de réalité que ce qui est matériel et mesurable. Elles nient l'existence de faits spirituels et psychiques. Pour la science contemporaine, un sourire n'est qu'une contraction musculaire, le logos un ébruitement vocal.
La science analyse des phénomènes qu'elle produit elle-même. Ce qui rend cela possible est l'analyse.
L'instrument est créé par l'Homme pour vérifier une théorie : ce qui rend possible l'invention du microscope est l'idée qu'au fond des choses il y a des choses invisibles à l'œil nu, mais qui constituent les choses. La science entretient une relation vertueuse de la technique. On n'a pu construire une accélérateur de particules que parce que l'on avait une théorie physique des particules élémentaires.
Ce que la science expérimentale fait apparaître comme réalité est une réalité rationnelle, qui est l'effet de la raison.

La quête de vérité est-elle toujours désintéressée ?
Savoir/Pouvoir Connaissance/Puissance

« La science a pour vocation de rendre l'Homme comme maître et possesseur de la nature » (Descartes, Discours sur la méthode) -> Par la puissance technique que confère la science, l'Homme se divinise. C'est une quête de la toute-puissance.
Bible, Serpent à Ève : « Mangez-en, vous serez comme des dieux »

-> La quête de la connaissance est-elle séparable de la quête de puissance ?


--> La vérité au sens pragmatique

Pragmatique -> Avoir les pieds sur terre
-> Avoir le sens pratique
-> = Dogmatique
-> pragma = Action (dans son rapport à la chose)
-> Vérité réduite à l'efficacité
Ce qui est vrai est ce qui marche pour notre conscience.

James, Le pragmatisme :

A l'exigence du savoir, James substitue l'exigence du croire, de la crédibilité. Au cœur de ce texte est la notion de croyance. Il laisse une place à la vérification, aux sciences expérimentales, mais nous parle ici de la vie courante, de l'adhésion subjective à la vérité d'un énoncé (=croyance).
« Si la vérité...vérification » -> Thèse de Bachelard. N'est-ce pas anticipé de dire « C'est une télé » alors que nous n'avons rien fait pour vérifier cela ? Ce serait de la folie de vouloir tout vérifier. Nous flottons dans un univers de croyances : la plupart du temps, on se fiche de la vérification car la croyance nous réussit. Le but de cette croyance est l'intégration sociale et psychologique de l'individu. James est donc d'accord avec la thèse de Bachelard, mais dit simplement qu'elle n'est pas applicable au quotidien. On tient un jugement pour vrai si il est commode. Il y a une asymétrie entre croire et savoir : pour une certitude, deux cents croyances plus ou moins rationnelles, d'opinions invérifiées. Il subordonne la vérité à la vie quotidienne : de la vérité on attend qu'elle permette de vivre et nous facilite la vie. (Angélus Silésius, Le pèlerin chérubinique : « La rose est sans pourquoi » : La beauté authentique est celle qui s'ignore) Les vérités sont invérifiées mais vérifiables, et nous déléguons aux savants le soin de vérifier à notre place les énoncés auxquels nous ne faisons que croire. On peut toujours suspecter la vérité d'être un mensonge.
« La vérité vit à crédit » -> Son existence même est relative non pas à l'efficience d'une démonstration mais à l'intensité d'une croyance, d'une confiance.
La valeur de la vérité est comparée à la valeur économique. La bulle spéculative de la finance n'est pas différente de la bulle spéculative de l'épistémologie.
James un rationaliste, car si il n'y a pas du tout de vérification, « l'édifice de vérités s'écroule ». Sans certitudes rationnelles, la croyance s'évanouit.


--> La vérité comme intuition

Pascal nous dit qu'il y a deux modes de connaissance du réel. L'esprit a deux façons de se rapporter à la réalité, qui sont complémentaires et contradictoires. Ce sont d'un côté la raison, de l'autre le cœur. Par « raison », il entens « faculté démonstrative ». La raison rend raison de ce qu'elle avance. Il y a d'un côté une raison qui démontre, de l'autre le cœur qui est, selon la définition qu'en donne Pascal, une faculté immédiate de connaissance.
Au XVIIème siècle, cœur = vertu, courage
= siège des émotions, lié à l'âme
= intuition -> capacité de connaissance immédiate.
Il faut distinguer un savoir rationnel d'un savoir intuitif. Pascal nous dit que la raison se fonde sur le cœur : toute démonstration se fonde toujours sur de l'indémontrable. Au fond de toute démonstration il y a nécessairement de l'indémontré et de l'indémontrable, au fond de toute explication de l'inexplicable. Intuitivement, nous savons que la série des nombres est infinie. La connaissance intuitive du cœur est fondamentale (fondatrice et profonde) car elle nous ramène à ce qu'il y a d'essentiel dans la connaissance.
Les pyrrhoniens disent que la raison ne tient pas car elle est toujours fondée sur quelque chose d'indémontrable : c'est le principe de régression à l'infini. Dans la quête du fondement, nous sommes conduits à l'abîme. La raison n'est donc pas toute-puissante. Pascal dit que les sceptiques ont tort car la raison ne délire pas : il y a une interaction vertueuse entre l'intuition et la raison. On ne peut pas intuitionner une démonstration, et on ne peut pas démontrer une intuition. La raison doit reconnaître que son existence est conditionnée par une autre faculté. Toute vérité n'est pas rationnelle, certaines sont suprarationnelles : existence de l'espace et du temps, infinité des nombres,...
Celui qui voudrait comprendre intuitivement une démonstration serait tout aussi ridicule que celui qui voudrait démontrer ce que l'on comprend en un clin d'oeil.
Le concept de vérité doit aussi être compris intuitivement, il faut faire droit à la dimension instinctive de la vérité. Mais cet instinct n'est pas empirique : c'est la saisie mentale des prinsipes. Nous connaissons la vérité principiellement et rationnellement. La raison est sujette aux principes du coeur. Mais le principe doit également reconnaître l'exigence de la démonstration.


--> La vérité au sens religieux

Religion -> re-ligere = relation
-> lien --> intelligence (inter-ligere / inter-legere)
Relation triangulaire :
Dieu



Fidèles Fidèles
Quelque soit la religion, il y a toujours la position d'un principe ultime :
hindouisme -> Brahma (-> Shiva/Shakti)
religion olympionique -> Chaos (-> Gaïa -> Ouranos)
-> Moïra (destin)
Une religion est une exigence de totalisation et d'unification. Il y a un terme où tout s'arrête et où tout commence. Notre nostalgie (-> douleur du retour -> Ulysse) de l'origine est une forme de religion.
L'homme comme être relatif pense qu'il a un chez-soi au-delà de l'Histoire. Toute religion est une relation à une origine absolue. Derrière toute religion, il y a l'idée que l'homme est relatif, qu'il n'est pas à lui-même son propre principe, qu'il a sa raison d'être en dehors de lui dans un absolu. Il est toujours subordonné à un principe ultime qui le produit.
Un dieu est un principe absolu de la présence des choses. Peut-on penser sous l'existence d'un tel principe ? (principe = ce qui ordonne = mettre de l'ordre / donner des ordres). C'est un principe d'intelligibilité et un principe moral.
Toute religion, par nature, prétend avoir le monopole de la vérité, et sont donc exlusives les unes des autres. Une religion est nécessairement vraie par exclusion des autres. Toute religion est orthodoxe (orqoV-doxa) car elle prétend dévoiler la vérité absolue et démasquer toutes les illusions, les hérésies liées à ce principe absolu. Exemple : Le christianisme est une réfutation du judaïsme, l'islam une réfutation du judaïsme et du christianisme.
Qu'est-ce qui fonde la vérité au sens religieux ?
Les jugements religieux sont-ils des jugements analytiques ? Non -> La vérité religieuse est irréductible par la force d'une démonstration.
La vérité religieuse est-elle fondée sur une expérimentation ? Non -> Elle n'est pas fondée dur l'efficience d'une expérimentation.
Est-elle une simple croyance qui nous rassure ? Elle terrifie autant qu'elle rassure (perspactive de damnation éternelle, de seconde mort). Elle n'est donc pas fondée sur la thèse de James. Mais elle est fondée sur la force d'un témoignage (d'un ange, de Dieu, d'un prophète, d'un saint, d'un martyr,...) en tant que ce témoignage remporte l'adhésion subjective individuelle. La croyance religieuse se fonde sur l'aura d'un témoignage. Il y a bien un moment d'opposition entre la raison et la croyance. Tertullien (II-IIIème siècles après J-C) : « J'y crois parce que c'est absurde » (e parlant de la Trinité.
Braque : « Les preuves fatiguent la vérité »
La foi prend le relais de la vérité.

Que veut dire « croire en Dieu » ?
foi -> fides = fidélité (=la plus grande intimité dans la plus grande différence)
Avoir la foi = N'avoir de relation de fidélité qu'à l'absolu.
Croire en l'existence de Dieu
-> être localisé dans l'espace-temps, avoir une manifestation spatio-temporelle
-> faire l'épreuve d'un devenir, d'une histoire ; tension entre ce qu'on est et ce qu'on va être
Donc par définition Dieu ne peut pas exister car il serait corruptible et donc imparfait. Un Dieu doit être mais pas exister sauf dans le christianisme. Dans les autres, sa perfection l'empêche d'exister. C'est ce point-là qui différencie réellement le christianisme des autres religions : l'incarnation est la preuve de l'imperfection. Ce qui ne devient rien subsiste. Ce qui est déjà absolu ne peut se relativiser. Ce sont des conceptions divergentes de la puissance. Qui est le plus puissant ? Celui qui reste égal à lui-même sans jamais rien devenir ou celui qui fait l'expérience de l'impuissance ? Si Dieu s'incarne ce n'est plus un dieu, sauf dans le christianisme.
Dans l'ancienne religion homérique, l'âme (psychè) était mortelle. Le nom « psychè » vient du bruissement d'ailes des chauves-souris qui s'envolent.
Il n'y a pas de religion sans cosmogonie ni anthropogonie. Dans la religion, dans Dieu on ne peut rien comprendre. St Paul : « Dieu a frappé de folie la sagesse du monde », cette dernière expression désignant la science qui croit qu'elle peut comprendre le réel sans le référer à un principe ultime.

Simondon, Du mode d'existence des objets techniques :

Le texte repose sur la nuance du mot « ordonner ». Il met en avant l'unité scientifique et morale de la religion. Dieu est une raison d'être (matrice [=principe générateur] ontologique de toute réalité = sans lui il n'y a rien) ; il est raison de connaître (sans lui on ne comprend rien = principe d'intelligibilité/gnoséologique) ; il est raison d'agir (principe pratique = moral). Il réconcilie l'être, le connaître et l'agir dans l'unité principielle de son absoluité.
L'idée de Dieu est l'idée que l'univers est uni vers, tendu vers un centre spirituel. Tout ensemble ne forme pas un tout. Dans la totalité, il y a un principe d'identification de chaque chose, d'unité interne. C'est à cause de cette idée de centre que les anciennes civilisations pensaient que l'univers était sphérique. La religion est l'affirmation que tout ce qui est réel a un centre qui ordonne tout à partir de lui. L'univers est une totalité, comme un corps humain (l'âme est un principe d'identification). Dans cette perspective, un dieu est l'âme du monde. Dieu est principe d'unité, c'est la garantie que l'univers forme un tout. L'âme est le miroir de la totalité et en possède certaines caractéristiques. Il y a donc un centre universel du réel.
Le besoin d'unité et de totalisation satisfait par la religion se traduit de deux manières : scientifiquement (-> théologie = connaissance rationnelle de Dieu) et moralement (-> discipline de l'action). Le principe s'inquiète de nos actes, il n'est( pas indifférent à notre façon d'être et nous surveille. Une religion, c'est toujours une logique du devoir (les dix commandements, la règle d'or, ou tout autre principe religieux). Ces devoirs sont ordonnés par Dieu. Un « impératif hypothétique » est un ordre qui peut être remis en question, qui ne vaut quer pour certaines circonstances. Une religion pose donc des devoirs qui sont catégoriques dans toutes les circonstances.
La religion est l'affirmation que l'Homme n'est pas sa propre raison d'être.
La religion n'est jamais pragmatique. Ce n'est pas ce qui marche qui est bon, c'est l'intention qui est bonne. Ce n'est pas le résultat de l'action qui fait qu'elle est bonne ou mauvaise. Il y a deux manières de mesurer la valeur d'une action : l'intention qui lui donne lieu ou sa valeur opératoire.
La science et la technique ne font que décrire des processus, expliquent la réalité. Toutes ces dissertations explicatives de la sciences ne disent jamais pourquoi les choses se produisent. La théologie en revanche répond à la question « Pourquoi ? ». La religion est donc l'addition de la science et de la thélogie. « Dans la détresse de nos vies, la science n'a rien à nous dire » (Housserl ». Notre esprit n'est pas nourri par le comment mais par le pourquoi. Une connaissance réduite à une connaissance analytique et descriptiv est vide, inutile. L'exigence du pourquoi est une exigence de l'esprit. Dans la religion catholique, l'Homme a été créé pour devenir un ange, mais un ange plus fort que les anges car il décide le Bien, tandis que l'ange n'a pas le choix. L'Homme possède le libre-arbitre, qui l'assimile à Dieu par opposition aux anges (St Augustin, Enchiridion ; La cité de Dieu). La présence est un don et Dieu en est le donateur.
Toute morale religieuse présuppose la subordination de l'individu à Dieu, sa relativité à Dieu. L'Homme est inférieur à l'unité réelle, qui est celle du centre et donc de Dieu. Au fons, toute morale religieuse est sacrificielle. Dans le sacrifice, il y a l'idée que l'individu ne vaut pas par lui-même mais grâce à un autre que lui, Dieu, car il donne à chaque chose d'être ce qu'elle est. L'Homme ne donne pas la vie, il la transmet. Au départ, il y a un don qui vient d'ailleurs.
Précaire vient de la même racine que prière, et signifie donc « qui ne tient que grâce à une prière », c'est-à-dire miraculeusement. C'est par la prière que l'Homme rencontre Dieu.
Peut-on vouloir entrer en communication avec Dieu ? N'est-ce pas renoncer à vouloir quoi que ce soit ? -> Même paradoxe que vouloir s'endormir. Prier Dieu = Renoncer à vouloir le rencontrer pour qu'il vienne à notre rencontre.
Le point de départ de la religion est la vexation individuelle.


CONCLUSION : Les quatre vérités

Il n'y a que quatre conceptions de la vérité :
Ce qui est fondé sur la rigueur d'une démonstration, dévoilement du réel.
Ce qui est fondé sur l'efficience d'une expérimentation, ce qui est soumis à la force de la preuve.
Ce qui doit sa valeur à la force d'une croyance (en un témoignage ; pragmatique)
Ce qui est fondé sur l'évidence d'une intuition.

Démonstration


Intuition Expérimentation

Croyance


Mais parmi ces quatre conceptions, laquelle est première ?
La raison ? --> On bascule dans la folie raisonnante.
La croyance ? --> On bascule dans le fanatisme.
L'expérimentation ? --> On bascule dans le scientisme.
L'intuition ? --> On bascule dans le mystique.

Il faut donc maintenir ces quatre sens de la vérité et trouver une atriculation entre elles, qui est évidemment énigmatique. La vérité est donc fondamentalement une énigme. Elle est un labyrinthe (cf. labyrinthe de Chartres) ; le propre du labyrinthe est qu'il n'y a pas de sortie. Sortir vraiment du labyrinthe est arriver en son centre. Philosopher est donc ne pas éluder cette énigme, mais chercher à se rapprocher de son centre.

Marion Morère

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La vérité Empty Re: La vérité

Message par Flora Sam 4 Déc - 18:36

J'ai édité ce cours, puisqu'il manquait une partie de la vérité religieuse et la conclusion =)
Flora
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